Cela aurait dû être une belle opération de réhabilitation. A Roubaix, des démolitions dans le quartier de l’Alma-Gare se heurtent à la contestation déterminée d’habitants et de défenseurs du patrimoine. Aucun argument mis à la disposition du public ne justifie une mesure si brutale : la destruction de 486 logements sans réelle concertation.
Pris au piège des processus de relogement, sans capacité à intervenir sur l’agenda ni sur les choix, les habitants sont sidérés, de même que les urbanistes, architectes et sociologues… Ce projet financé par l’Agence nationale pour la rénovation urbaine (ANRU) est mis en œuvre par la ville de Roubaix, la Métropole européenne de Lille et des bailleurs sociaux.
L’Alma-Gare n’est pas n’importe quel quartier, il est, depuis plus de quarante ans, une référence de l’urbanisme participatif et de la coproduction urbaine. Il a été édifié dans les années 1980 à la suite d’une longue mobilisation des habitants, appuyés par l’Etat dans le cadre du plan construction.
Un patrimoine immatériel collectif
Cette « lutte urbaine » emblématique a donné naissance à quantité d’innovations : atelier populaire d’urbanisme, équipements intergénérationnels, école ouverte, première régie de quartier de France. Maintes fois primée, cette opération reste une référence de l’enseignement des architectes et des urbanistes. Les cabinets d’architecture Ausia, Gilles Neveux et François et Marie Delhay y ont construit des logements spacieux, lumineux, et traversants.
Les balcons ou terrasses des immeubles en brique rouge donnent sur des cœurs d’îlots verdoyants, paisibles, à taille humaine. Proche de la gare, du métro et du futur tramway, l’Alma n’est ni excentré ni enclavé : il occupe une position stratégique… Ce quartier a ses problèmes : précarité, drogue. Mais qui peut croire que démolir des immeubles permettra de les résoudre ?
Une grande part des habitants a été relogée, beaucoup sont partis à regret. Il reste aujourd’hui une centaine de familles décidée à refuser d’être délogée. Un collectif d’habitants « Non à la démolition de l’Alma-Gare » fait entendre la voix de ceux qui sont attachés à ces beaux logements. Peu importe que ces bâtiments de belle facture puissent vivre encore cinquante ans, à l’Alma, ce ne sont pas seulement des murs que l’on va détruire mais un patrimoine immatériel collectif.
Un plan de destruction sans aucun bilan carbone réalisé
En réalité, mis à part une préoccupation de mixité sociale, le projet à venir sur ce quartier est incompréhensible. Il a d’autant plus de mal à passer que la concertation réduite s’est résumée aux désordres de la gestion urbaine, au relogement, parfois en visioconférence… Pourtant, la crise du logement s’exacerbe : l’accession à la propriété est bloquée, les bailleurs sociaux peinent à construire, les files d’attente pour le logement social s’allongent. Et la reconstitution de l’offre ailleurs qu’à Roubaix, pour compenser les démolitions, ne crée pas de nouveaux logements.
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