Du Morbihan à l’Isère, il y a bien plus que 900 kilomètres : le département breton, baigné par les eaux de l’Atlantique, n’a pas grand-chose en commun avec son lointain cousin rhônalpin, résolument montagnard. Le paysage économique y est aussi totalement différent : à l’ouest, une économie dominée par l’agriculture, la pêche et le tourisme ; à l’est, une présence nette de l’industrie et de la technologie.
Et ce n’est pas tout : les deux départements sont également aux antipodes en matière d’innovation, souligne Xavier Jaravel, professeur à la London School of Economics. En novembre 2023, ce chercheur a publié Marie Curie habite dans le Morbihan (éditions du Seuil), un ouvrage qui explore ces questions et qui a suscité une certaine surprise en Bretagne, mais pas seulement. Le Morbihan, « malgré un bon niveau scolaire général, se classe parmi les derniers départements de France en matière d’innovation : le taux d’enfants appelés à devenir ingénieurs, chercheurs ou à être titulaires d’une thèse est parmi les plus faibles du pays », constate-t-il.
En revanche, l’Isère se hisse dans le haut du classement, derrière les Alpes-Maritimes, où se situe la technopole de Sophia-Antipolis. « Les enfants grenoblois innoveront bien plus qu’ailleurs, poursuit Xavier Jaravel, ne serait-ce que comparé à ceux ayant grandi à quelques encâblures de là, par exemple à Annecy. » D’ailleurs, la part d’emplois consacrés à la recherche et développement (R&D) dans l’agglomération de Grenoble est la plus élevée de France – elle s’établit à 7,4 %, contre 5 % à Paris –, et le nombre de brevets déposés y atteint le chiffre record de 8,3 pour dix mille habitants.
« Le fruit de l’histoire »
Comment expliquer un tel écart de destin entre ces deux terroirs tricolores ? « Les différents sujets d’excellence d’un territoire sont le fruit de l’histoire », avance le Breton Pascal Le Liboux, président d’AudéLor, l’agence d’urbanisme, de développement économique et technopôle du pays de Lorient.
De fait, l’histoire comme la géographie ont pesé de tout leur poids. « A la fin du XIXe siècle, Grenoble est devenue la première région industrielle de France grâce à l’hydroélectricité », explique Florent Genoux, délégué à l’innovation auprès de la direction régionale Grenoble-Alpes de la banque publique d’investissement Bpifrance.
En utilisant pour la première fois l’énergie hydraulique des torrents de montagne pour faire tourner les machines de sa papeterie, Aristide Bergès a donné, vers 1870, le coup d’envoi du développement des industries au pied des massifs grenoblois. Le système s’est sophistiqué, avec l’ajout de turbines et de conduites d’eau plus importantes, fournissant une énergie bon marché et renouvelable aux papetiers, puis aux industriels de la métallurgie ou de l’électricité.
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