, Médailles, éléphants blancs, contre-jeux, sanctions…

Boycotts

Dès 1896, les questions géopolitiques pèsent sur les premiers Jeux olympiques (JO) du « renouveau », en Grèce. La délégation turque refuse d’y participer en raison des différends frontaliers entre les deux pays. En 1936, les États-Unis envisagent de ne pas cautionner le régime hitlérien, mais le président du comité olympique américain, Avery Brundage, évite le boycott en affirmant que les athlètes juifs sont traités équitablement en Allemagne. En novembre 1956, l’Égypte, l’Irak et le Liban ne participent pas aux Jeux de Melbourne pour protester contre l’intervention militaire franco-israélo-britannique à Suez. La même année, Suisse, Pays-Bas et Espagne se retirent pour dénoncer l’intervention des chars soviétiques à Budapest, tandis que la Chine populaire quitte les lieux après le hissage du drapeau de la République de Chine (Taïwan). Elle ne fera son retour que pour les Jeux d’hiver de Lake Placid, en 1980, et ceux d’été, à Los Angeles, en 1984. En 1976, vingt-deux pays africains abandonnent la manifestation juste après la cérémonie d’ouverture à Montréal. Ils protestent contre l’absence de sanctions contre la Nouvelle-Zélande, dont l’équipe de rugby vient d’effectuer une tournée dans l’Afrique du Sud de l’apartheid. Après l’invasion de l’Afghanistan par l’Union soviétique en décembre 1979, une soixantaine de pays musulmans ou proches des États-Unis décident de ne pas aller aux Jeux de Moscou, prévus l’été suivant. Initiateur du boycott, le président Jimmy Carter espère surtout camoufler ses déboires en Iran et le piètre niveau des athlètes de son pays à l’époque. En Europe, seules la République fédérale d’Allemagne et l’Albanie retirent leur délégation. D’autres, comme celle de la France, s’abstiennent simplement de participer à la cérémonie d’ouverture ou concourent sous une bannière neutre. Quatre ans plus tard, une quinzaine de pays communistes – à l’exception de la Roumanie, de la Yougoslavie et de la Chine – boycottent les Jeux de Los Angeles, sous prétexte de risques encourus par leurs athlètes. Le dernier boycott sportif fut celui de la Corée du Nord lors des Jeux de Séoul, en 1988. Par la suite, les délégations des deux pays défilèrent ensemble et sous un même drapeau, notamment aux Jeux d’hiver de Pyeongchang (Corée du Sud, 2018). En 2022, les États-Unis, suivis par leurs plus proches alliés (Australie, Canada, Nouvelle-Zélande et Royaume-Uni) décident d’un « boycott diplomatique » des Jeux d’hiver à Pékin ; ce qui ne change rien à la participation de leurs athlètes.

Sanctions

Au sortir de la première guerre mondiale, les Jeux de 1920 sont retirés à Budapest et attribués à Anvers. Les pays vaincus (Allemagne, Hongrie, Autriche, Empire ottoman et Bulgarie) ne sont pas invités. C’est encore le cas de l’Allemagne en 1924, qui sera de nouveau exclue des Jeux de Londres en 1948. Le Japon et l’URSS sont absents. En 1962, l’Indonésie est suspendue par le Comité international olympique (CIO) pour avoir refusé les athlètes de Taïwan lors des Jeux asiatiques. De 1964 à 1992, l’Afrique du Sud n’a pas été autorisée à participer aux Jeux à cause de sa politique d’apartheid. Après les révélations sur le « dopage d’État » organisé par la Russie lors des Jeux de Sotchi (2014), ses athlètes ne peuvent plus concourir sous leur drapeau aux JO suivants. Il en sera de même à Paris à la suite de la guerre d’Ukraine, les sportifs russes devant en outre ne pas avoir soutenu l’invasion russe.

Interruptions

La première guerre mondiale entraîne l’annulation des JO de 1916, prévus à Berlin. L’invasion de la Chine par le Japon en 1937 conduit le gouvernement japonais à renoncer aux Jeux envisagés à Tokyo en 1940. Pressentie pour les accueillir en remplacement à Helsinki, la Finlande décline la proposition avec le début de la « guerre d’hiver » contre l’Union soviétique en 1939. Les JO ne reprendront qu’en 1948.

Parcours

Le relais de la flamme depuis Olympie en Grèce jusqu’à la ville organisatrice fut inventé par le pouvoir nazi lors des Jeux de 1936 à Berlin. Il a permis de galvaniser les foules le long du parcours et de créer un lien entre le régime hitlérien et l’idéal antique. Le fabricant d’armes Krupp avait fourni la première torche.

Contre-Jeux

Plusieurs tentatives de monter des manifestations concurrentes aux Jeux olympiques ont eu lieu, notamment à l’initiative du monde ouvrier. L’Internationale sportive ouvrière socialiste (travailliste) orchestre des
Olympiades ouvrières en 1925 (à Francfort), 1931 (Vienne) et 1937 (Anvers). L’Internationale rouge sportive (communiste) organise, elle, des Spartakiades internationales en 1928 (Moscou) et 1931 (Berlin). Ces événements mettent en avant des spectacles de masses auxquels participent jusqu’à quarante-mille gymnastes pour un mouvement d’ensemble à Francfort, ou deux mille personnes pour un concours de pêche à la ligne, à Anvers. En 1936, des Olympiades populaires sont envisagées à Barcelone. Mais elles sont annulées après le coup d’État du général Francisco Franco et le début de la guerre d’Espagne. Des rassemblements sportifs ouvriers auront encore lieu après la seconde guerre mondiale, mais sans l’objectif de concurrencer les JO.
En 1963, l’Indonésie de Sukarno organise les Jeux des nouvelles forces émergentes, qui accueillent 51 délégations venant de pays non alignés ou proches de l’Union soviétique. Une déclinaison asiatique a lieu en Corée du Nord et au Cambodge en 1965. Mais la seconde édition mondiale prévue au Caire en 1967 ne voit pas le jour. Pour concurrencer les Jeux de Moscou, les États-Unis organisèrent plusieurs manifestations, dont les Liberty Bell Classic en athlétisme.

Propriétaire

Les Jeux olympiques ne sont pas un bien commun ou une organisation internationale. Il s’agit de la propriété exclusive du CIO, créé en 1894 : en vertu de sa charte, il dirige le Mouvement olympique et « détient tous les droits sur les Jeux olympiques ». Cela lui permet de dicter sa loi aux organisateurs du pays hôte et de négocier les droits médias, en particulier pour les retransmissions télévisuelles.

Inclusif ?

Les Jeux de Paris 2024 ont pour ambition d’atteindre la parité entre athlètes masculins et féminins, alors qu’aucune femme ne fut invitée à Athènes en 1896. En 1924, elles ne représentaient que 4 % des concurrents et encore seulement 14 % à Munich, en 1972. Le fondateur des Jeux modernes, Pierre de Coubertin, a laissé de nombreux écrits virilistes, machistes, colonialistes, voire complices des régimes fascisants. En juillet 1912, il écrivait par exemple dans la Revue olympique : « Une petite Olympiade femelle à côté de la grande Olympiade mâle. Où serait l’intérêt ? » Il décrivait plus loin sa conception des JO : « L’exaltation solennelle et périodique de l’athlétisme mâle avec l’internationalisme pour base, la loyauté pour moyen, l’art pour cadre et l’applaudissement féminin pour récompense. » Devenue une préoccupation des organisateurs, la promotion du sport féminin a lieu essentiellement par l’imitation des épreuves masculines, tandis que la mixité reste rare (1 % des disciplines).

Médailles

Quelle est la recette pour qu’un pays figure en bonne place au tableau des médailles ? Les premières études montrèrent une corrélation importante avec le produit intérieur brut par habitant. Cela valait pour la Norvège ou les États-Unis, mais guère pour la République démocratique allemande (RDA) ou l’URSS, qui raflèrent de nombreuses places sur les podiums dans les années 1970 et 1980. D’autres travaux économétriques plus poussés montrent l’importance des dépenses gouvernementales en faveur du sport de haut niveau.

Éléphants blancs

Le stade des Jeux olympiques de Montréal, qui eurent lieu en 1976, ne fut terminé… qu’en 1987. Les Québécois mirent trente ans à rembourser les investissements. Du tremplin de Saint-Nizier-du-Moucherotte à la piste de bobsleigh de l’Alpe d’Huez, les Jeux de Grenoble (1968) laissèrent de nombreuses infrastructures à l’abandon ou très peu utilisées. Ce fut également le cas dans beaucoup d’autres pays hôtes, et notamment la Grèce, ruinée par l’ardoise des Jeux d’Athènes en 2004.

Affinités électives

Nombre d’anciens médaillés ont figuré au conseil des ministres ou au Parlement français. Les engagements politiques des athlètes de haut niveau inclinent beaucoup à droite. Outre le culte du « meilleur », une vision hiérarchique de l’humanité et la croyance que la volonté permet tout, on l’explique d’abord par la sociologie, ces sportifs ayant des revenus très largement au-dessus de la moyenne.

Dérogatoire

Le CIO exerce sa toute-puissance par le biais du comité d’organisation des Jeux olympiques et paralympiques (Cojop). Le contrat avec la ville hôte a été avalisé, pour les Jeux de Paris, par une loi dite « olympique » votée par le Parlement en mars 2018, en dépit de clauses dérogatoires qui touche aux codes des impôts, de l’urbanisme ou de l’environnement. La responsabilité globale des organisateurs engage l’État, notamment pour assurer la sécurité, tandis que la somme allouée par le CIO est arrêtée une fois pour toutes, quel que soit le contexte.

La chronique a été générée aussi sérieusement que possible. Dans la mesure où vous désirez mettre à disposition des renseignements supplémentaires à cet article sur le sujet « Urbanisme de Grenoble » vous pouvez utiliser les contacts affichés sur notre site web. Le but de urbanisme-grenoble.com est de débattre de Urbanisme de Grenoble dans la transparence en vous donnant la visibilité de tout ce qui est mis en ligne sur ce thème sur le net Cet article, qui traite du thème « Urbanisme de Grenoble », vous est volontairement proposé par urbanisme-grenoble.com. Connectez-vous sur notre site internet urbanisme-grenoble.com et nos réseaux sociaux pour être informé des prochaines publications.

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