Depuis fin juillet, les fusillades s’enchaînent à Grenoble et dans sa banlieue d’Echirolles. Un mort et une dizaine de blessés, plus ou moins gravement, ont été recensés en deux semaines. Sept de ces fusillades sont liées au trafic de drogue, à une véritable « guerre des gangs intense », selon le procureur de Grenoble Eric Vaillant. 20 Minutes fait le point sur les fusillades, alors que la capitale des Alpes connaît un été brûlant.
Que s’est-il passé mercredi à Grenoble ?
Une nouvelle fusillade a fait un blessé dans la nuit de mercredi dernier à jeudi. Un homme de 20 ans a été blessé à la main et à la cuisse par des tirs vers 2 heures du matin dans le quartier Saint Bruno, a indiqué ce jeudi Eric Vaillant à la presse. Six impacts de balle et des traces de sang ont été relevés dans la voiture visée, a indiqué la police. Le procureur de Grenoble a précisé que les jours du jeune homme ne sont pas en danger et qu’il est connu la justice, mais pas pour trafic de stupéfiants.
Est-ce la première fusillade ?
Non. La première est survenue le 30 juillet dernier. Un jeune homme de 21 ans a été blessé. Elle a eu lieu dans un immeuble, connu pour être un important point de deal, du centre-ville d’Echirolles, dans la banlieue sud de Grenoble, selon nos confrères du Monde. Depuis, la ville a été le théâtre de sept autres fusillades.
Il s’agit du 17e épisode de violence par arme à feu sur le territoire depuis le début de l’année, mais il y a eu une « accélération des faits criminels » depuis une dizaine de jours, a reconnu la préfecture. Grenoble a toujours connu ces épisodes « mais, depuis trois semaines, c’est particulièrement dense, avec des fusillades quasiment tous les deux jours », a fait encore savoir Eric Vaillant. Depuis cinq ans qu’il est procureur de la République de Grenoble, il n’a « jamais vu ça ! », a-t-il d’ailleurs confié à nos confrères du Monde.
Quatre des attaques les plus récentes se sont déroulées à Echirolles, villes de 36.000 habitants au sud de Grenoble. Certaines ont eu lieu quasiment en face de l’hôtel de ville dans un immeuble partiellement habité et abritant plusieurs commerces, le « Carrare ». A Grenoble, plusieurs accrochages sanglants ont eu pour théâtre les quartiers sensibles de Saint-Bruno, Berriat ou Teisseire, tous situés en centre-ville.
Pourquoi les fusillades sont-elles si nombreuses ?
Selon une source policière proche du dossier relayée par Le Monde, l’augmentation du nombre de fusillades à Grenoble n’est pas un hasard. D’anciens repris de justice, condamnés dans les années 2007-2008, période pendant laquelle les guerres des gangs étaient violentes, sont sortis « entre 2022 et 2023 ». « Ils sont revenus avec la volonté de reconstruire les équipes, de reprendre du terrain et d’étendre leur territoire historique », précise-t-elle avant d’ajouter : « ces anciens détenus ont la volonté de tout regrouper, notamment dans le quartier de la Villeneuve qui était l’épicentre à l’époque. »
Selon Jérôme Chappa, directeur interdépartemental de la police nationale de l’Isère, ce pic de violences peut également s’expliquer par une conjonction de phénomènes, notamment les opérations de « harcèlement » et « déstabilisation » menées par les forces de l’ordre sur les points de deal. Certains points de deal qui pourraient atteindre un chiffre d’affaires d’environ 35.000 euros par jour…
Sur le seul site du Carrare, « c’est ainsi cinq à six opérations par jour qu’on effectue » et six opérations « place nette » ont été conduites en Isère depuis la fin 2023, a-t-il précisé à l’AFP. A cela s’ajoute le meurtre du caïd local Mehdi Boulenouane lors d’un probable règlement de comptes en mai dernier : « la nature ayant horreur du vide, les gens essaient de se réapproprier des points de deal lucratifs. »
Où en est l’enquête ?
Aucun tireur n’a pour l’heure été arrêté, a précisé ce jeudi le procureur, « mais nous avons arrêté plusieurs personnes qui ont été emprisonnées en comparution immédiate, des instructions ont été ouvertes ». « Nous ne baissons pas les bras », a-t-il fait savoir à la presse cette semaine. Ainsi, quelque 1.150 usagers et 350 trafiquants ont été interpellés en Isère depuis le début de l’année, souligne une source policière. Et des CRS ont été déployés pour seconder les agents locaux.
Eric Vaillant assure que l’ensemble des acteurs de la lutte contre le trafic de stupéfiants restent mobilisés « cet été comme le reste de l’année ». Toujours selon Le Monde, une trentaine de policiers lyonnais de la CRS 83, « une nouvelle unité mobilisable dans les situations les plus tendues », sont arrivés en renfort.
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