Les mesures annoncées lors d’un comité interministériel des villes, qui s’est tenu le 27 octobre, suscitent les controverses attendues : constituent-elles une réponse à la hauteur des émeutes de juin et juillet ? L’accent mis sur le social vient-il équilibrer les décisions sécuritaires antérieures ou la priorité longtemps donnée à la rénovation du bâti dans le cadre de la politique de la ville ?
Etrangement, les termes de ce débat ignorent les intentions initiales des promoteurs de cette politique il y a tout juste quarante ans. Il faut relire le rapport fondateur de 1983, « Ensemble, refaire la ville », publié par Hubert Dubedout, l’emblématique maire de Grenoble durant les années 1970. Ce document n’insiste pas sur tel ou tel enjeu (le logement, l’éducation ou la rénovation urbaine par exemple) ou sur la mobilisation de moyens alloués. Il met en avant une politique de la méthode.
Inspiré par la culture de la deuxième gauche, Hubert Dubedout prônait ce qu’on nommerait aujourd’hui un changement de méthode de gouvernance. Il considérait que les défis consistaient notamment à « agir sur les causes davantage que sur les effets », « à faire des habitants les acteurs du changement » et « à rompre avec les approches sectorielles ou catégorielles pour privilégier transversalité et globalité de l’action ».
Ce faisant, la politique de la ville, à l’origine, reposait sur deux pieds : la « réparation » des quartiers en difficulté et la transformation des politiques publiques de droit commun – ces mesures concernant la santé, le développement économique, l’éducation et l’urbanisme, qui s’appliquent sans distinction sur l’ensemble d’un territoire. Ces deux approches doivent structurellement interagir.
D’un côté, la logique de réparation devait faire des quartiers d’habitat social un laboratoire pour interpeller et transformer le droit commun. Ce sont les quartiers « où s’invente la ville de demain », espérait-on. De l’autre, la transformation des politiques de droit commun devait constituer la condition impérative pour garantir la réparation et faire de ces quartiers « des quartiers comme les autres ».
« Plan Marshall »
Rapidement, la politique de la ville s’est éloignée de cet idéal pour être rabattue sur une seule logique, celle de la réparation. Ce fut le cas dès 1996 avec le pacte de relance pour la ville qui érigea les quartiers d’habitat social en « zones franches urbaines » et instaura ainsi une logique d’exception. Ce fut encore plus vrai en 2003 avec le plan Borloo, qui, avec la rénovation urbaine, prétendait résoudre – ou dissoudre ? – définitivement le problème.
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