Fin juin, dans une vidéo postée sur les réseaux sociaux de votre groupe politique, Agir pour Rennes, vous avez promis de revenir à la rentrée « plus motivé que jamais ». C’ est le cas ?
Complètement. D’autant que, cet été, je suis allé visiter sept villes : cinq en Espagne et deux en France. Et effectivement, je reviens plus motivé que jamais ! Parce que j’ai eu l’occasion de constater que, ce qu’ on vit dans le centre-ville de Rennes, n’existe pas ailleurs. Les villes que je suis allé voir, à l’exception de San-Sébastian, ne sont pas bardées de tags. Elles sont propres, accueillantes… Je reviens plus motivé que jamais parce que je me dis, qu’il n’y a aucune fatalité rennaise, qui condamne cette ville à rester ce qu’elle est devenue aujourd’hui.
Mais oui ! Bien sûr ! (large sourire).
Non, non. Ce n’ est pas bien de critiquer une idée avant qu’elle soit mise en place. Il ne faut jamais faire ça. La brigade contre les incivilités ? Elle nous a été annoncée dès 2020. Son ouverture est sans arrêt repoussée. Pourquoi ? Parce que la majorité préfère continuer à mettre des PV aux gens mal stationnés plutôt que de l’ouvrir maintenant (les effectifs de ce nouveau service seront composés des actuels ASVP, dont la mission de contrôle du stationnement va être externalisée et confiée à des voitures surnommées « sulfateuses à PV », NDLR) . Cela montre son sens des priorités. Il faut que les Rennais le sachent. La priorité de la maire, c’est de coller des PV aux automobilistes plutôt que de lutter contre les incivilités.
Indépendamment des questions de salubrité, quelles vont être les priorités politiques de votre groupe lors de cette rentrée de mi-mandat à Rennes ?
Ce ne sont pas mes sujets en l’occurrence, mais ceux des Rennais. Parce qu’on est en contact permanent avec les habitants. Ils ont deux grandes préoccupations.
Aujourd’hui, leur plus grosse préoccupation, c’est l’urbanisme. Cela les inquiète énormément. Ils comprennent qu’il faut loger. Néanmoins, nous allons être extrêmement vigilants et mobilisés, y compris aux côtés des collectifs, dont il faut respecter l’engagement, pour retrouver un urbanisme raisonné. Nous n’avons jamais réussi à influer sur la politique de cette majorité en ce sens. Avoir un urbanisme raisonné, c’est aussi prévoir les infrastructures qui doivent, nécessairement, accompagner les constructions : les écoles, les parkings, les routes… Tout cela doit être prévu avant de donner des accords pour construire des immeubles de 10, 12 ou 15 étages.
Lorsqu’il y avait un mort, à Rennes, tout le monde s’affolait. Aujourd’hui, on a l’impression que c’est devenu banal
La deuxième priorité, c’est, malheureusement, devenu une tarte à la crème : la sécurité. Il suffisait de vous (Le Télégramme, NDLR) lire cet été… Cela n’a pas arrêté. Juste sur ces quinze jours, je crois qu’ on est à trois ou quatre agressions à coups de couteau dans les quartiers. Cela n’a pas arrêté… Avec des morts. À tel point qu’on a l’impression d’une certaine forme de banalisation de la mortalité. Il y a encore quelque temps, lorsqu’il y avait un mort, à Rennes, les gens en parlaient, tout le monde s’affolait. Aujourd’hui, on a l’impression que ce n’est plus le cas. Que c’est devenu banal. Et ça, ce n’est pas acceptable.
À ces « préoccupations » des Rennais s’ajoute, selon vous, celle des élus sur les finances de la Ville. Inquiétudes, dont vous avez fait état lors du conseil municipal de juin. Persiste-t-elle à la rentrée ?
Oui, je me suis exprimé de manière un peu musclée sur les comptes administratifs 2022. La Ville n’ a jamais été aussi endettée. Ses investissements n’ont jamais été aussi faibles. Ils sont désormais intégralement financés par de l’emprunt. Notre capacité d’autofinancement est ridicule, etc. En 2023, la tendance est exactement la même qu’en 2022. Elle s’est même un peu dégradée. Nous ne sommes pas vraiment dans le rouge, mais tous les voyants ont viré à l’orange.
S’ajoute à cela, le fait que l’on a appris, par voie de presse, la démission de l’adjointe aux finances cet été (l’écologiste Nadège Noisette a démissionné le 13 juillet pour raisons personnelles. Elle a été remplacée par Matthieu Theurier, NDLR). Elle était aux affaires depuis trois ans. Cela dresse un tableau assez inquiétant.
Que faut-il faire à votre avis ?
Lors du conseil de juin, j’ai interrogé la maire pour savoir si elle comptait augmenter les impôts. Elle n’ n’a pas répondu. Si elle avait eu l’intention de ne pas les augmenter, elle nous l’aurait dit, avec ses reproches habituels : “Monsieur Compagnon, arrêtez de faire peur aux gens.” etc. Là, elle n’a rien dit… C’est un signe.
Je pense que la Ville n’a plus les moyens de ses ambitions. Il va falloir faire des choix, des arbitrages. Ça aussi on va beaucoup le surveiller parce que cela ne fait pas partie de l’ADN de cette majorité…
Sur quoi par exemple ?
Allez, je vais être un peu provocateur… On arrose pas mal en termes de subventions aux associations : plus 50 millions d’euros, avec seulement 7 millions pour les sportives. J’ai eu l’occasion de le dire ces six derniers mois : certaines de ces assos sont « borderline ». Il va peut-être aussi falloir revoir cette politique-là, parce qu’il y a des assos, notamment de quartiers qui font un travail extraordinaire, qui méritent tout le soutien de la mairie et dont on vote les subventions. Et puis, il y en a d’autres, qui sont des associations politisées, qui sont tout simplement des relais dans les quartiers de la bonne parole de la majorité. Est-ce que la mairie a encore les moyens de mettre 10, 15, 20 000 € par ci, par-là ?
Est-ce que cela va régler les problèmes financiers de la Ville…
Non, mais il va falloir arbitrer. Parce que l’argent, ce n’est pas très sexy comme sujet, mais c’est le nerf de la guerre. Parce qu’ on a des projets pour Rennes. Moi, ça ne m’intéresse pas de gagner les élections pour les gagner. Ce qui m’intéresse, c’est de gagner pour avoir les moyens, ensuite, de mettre en place la politique que l’on pense être la bonne. Et là, il va falloir arrêter certaines dépenses.
Plus globalement, je crains que l’on s’habitue à ce que Rennes soit une ville moyenne. Moyenne en tout. OK, c’est vrai, on n’est pas une ville super connue. Oui, à l’extérieur de la France, les gens ont du mal à mettre une image ou une couleur sur Rennes. Mais on n’a jamais été habitué à être une ville moyenne ! OK, on garde des domaines de compétitivité et d’excellence, comme les télécommunications, le cyber, tout ça, mais, dans le domaine de la propreté, de la sécurité, des finances, on était excellent avant aussi. Et là, on s’habitue à être moyens, comme les autres. On n’est pas pires, mais on n’est pas mieux.
L’urbanisme mené par cette majorité prépare le malheur des Rennais de demain, en termes de chaleur, de température, de pollution…
Urbanisme, sécurité, finances sont donc les trois sujets de rentrée ?
On a aussi un thème « chapeau », un sujet transversal, qui coiffe tous les autres.
Ah oui, lequel ?
On continue à travailler sur un programme pour mettre en place une vraie politique d’écologie à Rennes. Ou plutôt d’environnement pour les habitants. L’écologie, cela a désormais une connotation politique et sociétale.
Nous estimons que l’urbanisme menée par cette majorité prépare le malheur des Rennais de demain, en termes de chaleur, de température, de pollution…
Carrément ?
Oui. Je suis allé en Andalousie cet été. Il faisait plus de 40 degrés mais personne n’en meurt. La vie se déroule normalement. Eux, ils ont des fontaines partout. Il y a des bancs partout pour que les gens se reposent. On plante des arbres, on fait des liens avec les parcs. On n’a aucune place minérale. Soit les rues sont très étroites, soit, à l’inverse, elles sont extrêmement larges. Et, surtout, ils ont décidé d’arrêter de construire en hauteur le long des grands boulevards et des voies de communication. Il s’agit d’éviter les canyons de chaleur. À Rennes, l’actuelle majorité fait exactement l’inverse ! Pourtant, même Éric Piolle est d’accord là-dessus (le maire écologiste de Grenoble, NDLR) ! Il faut arrêter de monter en hauteur le long des boulevards. Sinon, la chaleur se réfléchit sur la chaussée, l’air ne circule plus, la température n’arrive plus à baisser et la pollution stagne en bas. Enfin, il n’y a aucun bénéfice pour la population. Aucun ! Donc, de vrais choix vont devoir être opérés dans les trois années qui viennent. Et on sera particulièrement combatif là-dessus aussi.
La chronique a été générée aussi sérieusement que possible. Dans la mesure où vous désirez mettre à disposition des renseignements supplémentaires à cet article sur le sujet « Urbanisme de Grenoble » vous pouvez utiliser les contacts affichés sur notre site web. Le but de urbanisme-grenoble.com est de débattre de Urbanisme de Grenoble dans la transparence en vous donnant la visibilité de tout ce qui est mis en ligne sur ce thème sur le net Cet article, qui traite du thème « Urbanisme de Grenoble », vous est volontairement proposé par urbanisme-grenoble.com. Connectez-vous sur notre site internet urbanisme-grenoble.com et nos réseaux sociaux pour être informé des prochaines publications.