Environ un logement parisien sur cinq est vacant, utilisé occasionnellement ou comme résidence secondaire, selon une étude de l’Agence parisienne d’urbanisme (Apur) diffusée mardi et sur laquelle se base la mairie pour demander une évolution législative, en pleine crise du logement. Ces 262.000 logements « inoccupés », soit près de 19% du parc parisien, sont tous ceux « qui ne constituent pas la résidence principale d’un ménage », explique l’Apur qui tire cette définition et ces données du recensement de l’Insee.
Cette étude, présentée mardi par l’Apur et la mairie, montre « une très forte hausse du nombre de logements inoccupés », de l’ordre de 4,7%, sur la dernière décennie. Et si ce total de 262.000 logements pas ou peu utilisés remonte à 2020, l’adjoint (PCF) au logement Jacques Baudrier anticipe une nouvelle hausse à 280.000 pour 2023, car « on a déjà les relevés pour 2021 et 2022 ». Dans le détail, 128.000 logements parisiens étaient vacants, et 134.000 utilisés de manière occasionnelle (travail) ou comme résidence secondaire (loisirs).
Une très forte disparité entre arrondissements
Cela fait de la capitale la deuxième ville française ayant la plus forte part de logement « inoccupés », derrière Nice (28%). Suivent Grenoble (17%) et Nancy (16%), toujours selon l’Apur. À l’autre bout du classement figure Toulon (6%), derrière Nantes et Rennes (10%). Un coup d’œil à la carte parisienne montre une très forte disparité entre arrondissements, avec une énorme proportion de logements pas ou peu utilisés pour ceux du centre, en particulier le VIIIe (36%), le VIIe (34%), le VIe et Paris Centre (30%).
Il s’agit pour 72% d’entre eux de petits logements, d’une ou deux pièces, ce qui correspond aux biens « mis en location meublée touristique », souligne l’Apur. Rappelant que la location d’une résidence secondaire ou d’un logement vacant n’est « pas légale », l’Apur estime que la hausse récente du nombre de logements « inoccupés » est « en partie liée à la hausse des locations meublées touristiques non déclarées ». Environ 25.000 logements « seraient détournés de leur usage pour être loués sur des plateformes », estime le directeur général de l’Apur, Alexandre Labasse.
« Des quartiers entiers qui se sont en partie vidés »
Avec un solde négatif de 35.000 résidences principales sur la période 2011-2020, « il y a des quartiers entiers qui se sont en partie vidés », s’alarme le premier adjoint (PS) Emmanuel Grégoire pour qui cette situation crée de nombreux « effets de bord », notamment « l’étalement urbain et des déplacements supplémentaires », et « fragilise à très long terme l’attractivité économique » de Paris. Fin novembre, les députés ont donné leur aval en commission à une proposition de loi transpartisane qui s’attaque, face à la pénurie de logements, à la « niche fiscale » des meublés de tourisme comme Airbnb.
Le texte pourrait faire l’objet d’un vote de l’hémicycle dans la nuit de mercredi à jeudi. La mesure la plus débattue porte sur la baisse du taux d’abattement fiscal sur les revenus des meublés de tourisme à 30%, sauf en « zone rurale très peu dense » où un taux de 41% supplémentaire (71% au total) pourrait être appliqué. « Notre but n’est pas de taxer » les propriétaires « mais de les inciter à louer leur logement », souligne Jacques Baudrier.
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