« Nous avons signé le 8 septembre l’ordre de service relatif à la préparation des travaux et la base vie est sur le point de s’installer », se réjouit Valérie Vacchiani, directrice du projet de réhabilitation de la Tour Perret à la Ville de Grenoble.
Prévus pour durer jusqu’à la fin octobre 2025, ces travaux très attendus devaient initialement commencer en 2021. Ils vont enfin pouvoir démarrer au début de mois de novembre prochain.
L’ouvrage, haut de 95 mètres, est un témoignage de la fierté de la ville. Construite en 11 mois seulement, fondations comprises, il était la pièce maîtresse de l’exposition internationale de la houille blanche et du tourisme de 1925. Un événement qui a drainé un million de visiteurs et permis à la Ville de s’approprier ce terrain de manœuvre militaire qui allait devenir l’actuel parc Paul Mistral.
Pour son concepteur, Auguste Perret, ce morceau de bravoure se voulait avant tout une démonstration des vertus du béton armé, symbole de modernité dans l’entre-deux-guerres. « A l’époque, l’usage du ciment moulé prévalait largement en Isère », rappelle Claus Habfast, conseiller municipal en charge du projet.
40 cm de dévers au sommet
Fermée au public en 1960, la Tour Perret souffre de désordres liés à son âge. Sa silhouette octogonale ornée d’écailles préfabriquées domine toujours la ville, mais, lorsque l’on se rapproche, les fragilités du béton apparaissent, les armatures en acier corrodé surgissent à l’air libre. Promesse électorale du maire écologiste Eric Piolle, dont le bureau donne sur la tour, la décision de lancer les opérations est prise dès 2016.
Le premier contretemps intervient rapidement. « Les études ont été interrompues lorsque nous avons réalisé que la tour penchait à son sommet de 40 cm vers le sud-ouest, relate Valérie Vacchiani. Un dévers causé par des pieux d’origine trop courts, qui n’atteignaient pas tous la couche porteuse, comme le révèleront les sondages. »
Les travaux imminents débuteront donc par une reprise des fondations par la technique du jet grouting. Les injections sous haute pression de coulis de ciment liquéfient temporairement les sols. Elles constituent en cela une opération délicate, raison pour laquelle des essais seront réalisés avant une mise en œuvre progressive.
Chantier test in situ
Il s’agit en quelque sorte d’opérer la jambe d’un patient qui se tient debout
Concernant la partie aérienne de la tour classée aux monuments historiques en 1998, la Ville ambitionne, comme François Botton, ACMH en charge du projet, une « réhabilitation pérenne », ce qui implique de transiger un peu sur la conservation du matériau initial afin d’intervenir plus durablement. La principale difficulté résidait dans la réfection des huit piliers. « Une intervention complexe car il s’agit en quelque sorte d’opérer la jambe d’un patient qui se tient debout, illustre Valérie Vacchiani. Heureusement, nous avons pu réaliser des tests in situ. » Ces essais ont conduit à retenir la solution du béton projeté au détriment du béton coffré.
Mieux, ces chantiers tests confirment la possibilité de déplacer légèrement, vers l’intérieur de la structure, les armatures d’acier initialement couvertes de 2 cm de béton. Cela permettra de les protéger derrière 4 cm de matière sans altérer la physionomie du monument. Une légère entorse à la charte de Venise justifiée par un confortement de l’ouvrage dans la durée et une sauvegarde de l’apparence originelle.
Relance d’un appel d’offres
Restait alors à trouver les entreprises. Là encore, le process se grippe, les réponses au premier appel d’offres se révélant trop onéreuses. Lancée fin 2021, une seconde consultation, adossée à un travail de sourcing et ouverte aux variantes, a permis d’économiser 3 M€ et de retenir les lauréats. Le groupement mené par Freyssinet (associé à Comte, Jacquet et Cireme) remporte le lot de restauration des bétons de la tour. Au total, le coût de l’opération s’élève à 15,5 M€ HT, dont 4,5 M€ viennent de l’Etat et 3 M€ du conseil départemental.
Après plus de 60 années de fermeture, les premiers curieux pourront emprunter les ascenseurs restaurés au début de l’année 2026. A terme, environ 400 000 visiteurs devraient admirer depuis le sommet chaque année l’impressionnant panorama sur la ville et les montagnes alentours. Une véritable seconde vie pour ce manifeste des qualités du béton armé… et de ses quelques vulnérabilités.
Les entreprises du chantier
- Travaux de restauration des bétons : groupement Freyssinet-Comte-Jacquet-Cireme
- Reprise des fondations : Keller Fondations Spéciales
- Etanchéité des terrasses : RTE Dauphiné
- Restauration des ascenseurs : EMCH Ascenseur
- Serrurerie : Altius
- Restauration et fabrication à l’identique des portes en bois : Les Métiers du bois
- Equipements électriques et éclairage : Eclairage Services
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